Sous les projecteurs

Galerie de zoologie

Peut-être que vous l'avez remarqué en visitant récemment la galerie de zoologie du Muséum-Aquarium, mais l'ambiance lumineuse des vitrines a quelque peu changé. Et c'est une très bonne chose pour nos spécimens. En effet depuis des années, les spécimens placés en galerie étaient exposés à une trop forte luminosité. Et les conséquences sur le long terme sont irréversibles, et impactent directement leur intégrité. Une exposition trop longue sous une lumière trop forte provoque généralement la décoloration du poil de l'animal, certaines couleurs sont altérées et peuvent blanchir. Si tel est le cas, l'intérêt pour les visiteurs est moindre, puisque l'animal exposé n'est plus représentatif quant aux caractéristiques propres à son espèce, telles qu'on pourrait les retrouver dans la nature. Le discours du musée perd alors un peu de sens, le spécimen déteint n'étant plus assez fidèle à l'aspect réel de l'animal dans son milieu naturel. 

Le réglage des lumières présentes en galerie, autant pour l'exposition permanente que pour les expositions temporaires, doit être calculé et maîtrisé. Ce critère fait partie d'un des éléments les plus importants de la conservation préventive, et il est pris en compte pour chaque spécimen exposé. 

                                                                                                      Spécimen avant et après une longue exposition en vitrine, sous une source de lumière trop forte

Le flux lumineux physique (quantité totale de rayonnement visible émise par une source lumineuse par seconde), se mesure en lumen, tandis que l'éclairement lumineux (quantité de lumière émise sur une surface en un point donné) s'exprime en lux. Pour réaliser ces mesures, nous utilisons un instrument, le luxmètre, qu'il faut placer sur la partie du spécimen exposée à la source lumineuse. Les recommandations pour une exposition dans de bonnes conditions lumineuses sont de 50 à 200 lux, selon la sensibilité des spécimens. Pour d'autres collections (verre, métaux, pierre, etc.), la luminosité pourra être légèrement plus élevée. D'autres objets très sensibles nécessitent une rotation régulière car les effets de la lumière sont cumulatifs. Dans notre cas, l'éclairement lumineux mesuré sur certains spécimens allait jusqu'à 2000, voir 3000 lux pour les spécimens placés dans les vitrines au plus proche des éclairages (tubes halogènes). D'où la nécessité de trouver une alternative pour continuer à éclairer la galerie de zoologie sans problèmes. 

Mesure de l'éclairement sur un spécimen

Pour atténuer l'impact d'un dispositif d'éclairage trop violent sur les spécimens, il existe quelques solutions. Il est possible de placer des filtres de protections sur les vitrines, pour tamiser le passage de la lumière. Ou au mieux, changer le système d'éclairage pour du LED (qui ne crée pas de rayons infrarouge ou UV, ce qui est parfait pour des spécimens aussi fragiles). Pour un meilleur rendu scénographique, l'indice de rendu des couleurs (IRC) doit être proche de 95 pour restituer au mieux les teintes des spécimens, et l'on peut jouer également sur la température de couleur (chaude ou froide). De notre côté, après une longue attente, il est devenu possible de remplacer la source de lumière initiale par de petits spots LED placés au-dessus des vitrines. En modifiant le type d'éclairage et avec une moindre luminosité, cette nouvelle configuration permet de continuer à rendre visibles les spécimens et à montrer toutes les caractéristiques, mais sans leur faire prendre de risques.