Lépidochromie

La lépidochromie est une technique ancienne qui consiste à "décalquer" les ailes des papillons. Ce procédé apparaît probablement au XVIIIe siècle mais il ne trouve un véritable développement qu'à la fin du XIXe siècle, au travers notamment de la publication d'H. Poulin "La lépidochromie. L'art de décalquer et de fixer les couleurs des ailes du papillon" (1899).

La technique comporte trois étapes principales : après avoir ôté les ailes des papillons, on procède à leur collage sur papier avant de les mettre sous presse puis de peindre le corps et les antennes des insectes à la gouache ou à l'aquarelle. 

La lépidochromie connut un certain engouement auprès des amateurs éclairés jusqu'à la première guerre mondiale avant d'être progressivement délaissée. Procédé mixte mêlant art et science, elle n'a cependant jamais totalement convaincu les purs systématiciens car elle ne conserve qu'une partie des spécimens. 

L'ensemble de lépidochromie constituant l'acquisition comporte 183 planches, datées principalement des années 1921-1924. Ce fonds a été collecté et réalisé par Paul Roger Pétry (1902-2000), polytechnicien originaire de Sierck en Moselle. Une grande partie des spécimens proviennent de Toul, où l'élève-officier a effectué son service militaire.

Outre le soin apporté à sa réalisation, l'ensemble Pétry présente en outre les données de collecte associées aux spécimens sur la quasi intégralité des planches.

L'origine lorraine des échantillons et du collecteur ont motivé ce don au Muséum-Aquarium de Nancy. Elle répond aux objectifs de la politique d'acquisition du Muséum-Aquarium, orientée vers la conservation des espèces locales. On peut noter parmi les spécimens la présence d'espèces protégées et menacées qui peuvent témoigner de l'implantation locale à l'époque de ces insectes sur le territoire lorrain.

L'ensemble des planches de lépidochromie constitue pour le Muséum-Aquarium de Nancy un exemple rare et précieux d'une technique qui n'est plus utilisée de nos jours. Il est rare de trouver de telles représentations au sein des collections des musées français (seuls trois établissements en conserveraient en France). Cet ensemble possède de véritables qualités esthétiques et scientifiques pour permettre de le valoriser au sein des collections patrimoniales de l'établissement.