Thylacine
Le thylacine, aussi appelé "loup de Tasmanie" ou "loup marsupial", est un mammifère originaire de Tasmanie, dans le sud-est de l'Australie. L'espèce est éteinte depuis 1936, avec la mort de son dernier représentant en captivité. Les causes de cette disparition sont principalement anthropiques, avec une chasse intensive menée contre ce prédateur, mais il pourrait avoir subi également les conséquences de la raréfaction de ses proies, de la destruction de son habitat ou d'une concurrence avec les chiens errants.
En raison du manque d'informations sur l'espèce ou d'observations directes en milieu naturel, le thylacine est depuis longtemps associé à la cryptozoologie (étude des animaux cachés), assimilé à une créature légendaire, fascinante mais finalement assez méconnue.
Le spécimen de thylacine du Muséum-Aquarium est entré dans les collections avant 1904, en même temps qu’un lot d’autres marsupiaux. On ne dispose malheureusement pas d’informations sur sa provenance, ni sur le taxidermiste qui pourrait l’avoir réalisé. Si l'espèce est disparue, la position de naturalisation pose aussi question.
En effet, l’ITSD (International Thylacine Specimen Database), une base de données spécialisée, comptabilise une centaine de naturalisations de thylacines à travers le monde. Le spécimen du Muséum-Aquarium est le seul apparaissant dans cette position. Sur les vidéos réalisées en milieu captif, cette position est rare et liée à une posture d’observation ou de prise d’appui, la queue musclée de l’animal lui servant de béquille comme pour les macropodidés.
Si l’on revient à l’observation directe du spécimen nancéien, il a certes une position que l’on pourrait rapprocher de celle d’un kangourou (confusion avec son statut marsupial) mais on s’aperçoit aussi qu’il s’agit d’une femelle, la poche marsupiale est bien présente. Cependant, une autre erreur anatomique est venue se glisser dans le montage : le marsupium est ouvert vers l’avant et non pas vers l’arrière…
Afin d’en savoir un peu plus sur le montage en lui-même, une radiographie du spécimen a été réalisée le 1er février 2017 au service d’imagerie Guilloz, du CHRU de Nancy. Les radios du thylacine ont montré qu’aucun os du squelette n’avait été conservé pour le montage taxidermique.
Cette dernière observation et les erreurs anatomiques relevées sur le montage laissent à penser que le taxidermiste a probablement travaillé à partir d’une simple peau tannée. Il est probable qu’il n’avait pas non plus accès à la documentation relative à l'espèce et aux illustrations qui en avaient été faites au dix-neuvième siècle..
On peut cependant penser qu’il s’agissait d’un artisan assez habile et expérimenté, le volume de la naturalisation et le rendu général du corps et de la tête sont assez convaincants, un mouvement a même été intégré au montage. Loin des représentations agressives qui pouvaient coller aux carnivores et à l’image parfois négative qu’a pu tenir le thylacine, le spécimen de Nancy ne se trouve pas babines menaçantes et crocs apparents, il a plutôt l’apparence placide du mammifère herbivore…
Il n’est pas exclu que l’on retrouve un jour des informations supplémentaires sur ce spécimen. Il témoigne cependant de la nécessité pour l’artisan taxidermiste d’avoir accès à un maximum d’informations fiables réalisées lors du vivant de l’animal.